En Septembre 1995, une grande banque française intitulait son enquête mensuelle de conjoncture :" France: croissance sage". Son erreur était alors largement partagée, et les appels incantatoires d'aujourd'hui pour une relance de la croissance, seul remède aux maux de la société française, prennent des accents pathétiques. La croissance, mesurée par la progression annuelle du Produit Intérieur Brut (PIB), agit notamment sur les rentrées fiscales et sur le niveau de l'emploi. Elle est alimentée par la demande extérieure, la consommation nationale et par l'investissement. Or, l'examen de ces trois paramètres laisse peu de place à l'optimisme pour 1996, et la révision de l'hypothèse retenue pour le Budget en cours (2,8%) est officiellement annoncée : sans doute sous la barre des 2%. Le constat Qu'en est-t-il exactement ?
Quelle politique ? Faute d'une vision suffisamment cohérente et ordonnée de ses priorités, le gouvernement s'est orienté vers la relance de la consommation par l'autorisation du "déblocage anticipé de l'épargne salariale" et de la non pénalisation des retraits de fonds des plans d'épargne populaire.
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Cette approche risque paraît dérisoire à l'aune des problèmes posés. Rien d'étonnant, dès lors, que l'on se tourne vers l'Allemagne et la Banque de France pour que l'une et l'autre accentuent la baisse des taux d'intérêt. Elles le feront, compte-tenu de la dégradation des principaux indicateurs. Mais cette baisse risque de ne pas profiter à notre économie en 1996 pour 3 raisons:
L'on comprend mieux, dans ces conditions, pourquoi des voix s'élèvent, au sein même de la majorité, pour que soit retardée la mise en application de la RDS, et pour réclamer une pause fiscale. Le Président l'a lui-même fait lors de ses voeux de fin d'année. Mais l'essentiel du dispositif était déja en place et la physionomie de 1996 apparaît d'ores et déja très sombre alors que le gouvernement semble avoir utilisé toute sa marge de manoeuvre. C'est ainsi que les déficits publics et sociaux continuent de peser sur l'économie française et que la nécessité des réformes s'impose comme une urgence. Le gouvernement est donc condamné à les mettre en oeuvre dans le dialogue et en donnant rapidement l'exemple de ses propres efforts : définir clairement ses objectifs, ouvrir la réflexion, être modeste et responsable. Sacrifiée sur le plan économique, 1996 devra servir à cela. Peut-être permettra-t-elle alors, dans sa deuxième partie, d'apercevoir "le bout du tunnel"?
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